Un
retour citoyen vers l’Agroécologie
Discours n°5
« L’Agroécologie :
une méthode agronomique efficace, une éthique, une esthétique au
service de l’humain et de la nature. » ( Pierre Rabhi)
La préservation de la
terre nourricière devrait faire l’objet d’une attention
prioritaire au niveau mondiale. On entend parler de grands sommets,
de grenelles, de lois, mais le cheminement n’a clairement pas
aboutit à des règles inter communautaire. La terre nourricière
disparaît petit à petit sur toute la surface du globe et avec elle,
sa biodiversité, ses ressources et ses défenses.
Entre
2005 et 2010, la surface agricole a perdu 227 200 hectares en
France, soit la superficie du Luxembourg récupérée au profit du
bétonnage et de zones commerciales. (source Sophie chapelle –
bastamag 18/04/14)
Il y a bien des causes
à l’intensification de cette destruction. L’homme a cru régner
en maitre au dessus d’un « support » qui lui a semblé
inépuisable tellement notre planète était généreuse.
Malheureusement,
l’humain se fragilise face au massacre qu’il a lui-même
engendré. On s’aperçoit aujourd’hui que sans ces richesses,
l’homme ne peut tout simplement pas vivre. Nous sommes nombreux
aujourd’hui à comprendre, que l’homme détruit lui-même son
écosystème. Ce qui amène à penser que l’être humain doit
retrouver sa place d’être vivant sur cette terre.
L’une des
principales causes de la disparition de la terre nourricière est
belle et bien le modèle agricole que nous avons façonné en moins
d’un siècle. Et bien oui ! Le désastre accomplit s’est
accéléré de manière fulgurante il y a très peu de temps. Ce
Modèle actuel de l’agriculture est de plus une injustice sociale !
En
France en 2014, la moitié de la surface agricole utile est
aujourd’hui exploitée... par 10 % des plus grandes
exploitations (source Sopihie Chapelle – bastamag 7/04/14)
Pour comprendre (chose
qui est accessible à chacun d’entre nous qui veut y être
attentif), il ne faut pas remonter le temps trop loin en arrière
puisque c’était hier…
Avant-hier tout
d’abord, l’homme vivait dans une société vivrière. Il a été
chasseur cueilleur. Sans mesurer son impact, il épuisait les
ressources d’une aire géographique de vie et n’y revenait que
lorsque la nature s’était régénérée. Cela demandait beaucoup
de temps, mais l’homme était nomade et habitué à se déplacer.
Et puis surtout, la population humaine sur la planète était
beaucoup plus faible qu’aujourd’hui. L’impacte était donc
moindre.
Puis l’homme d’hier
s’est sédentarisé. Il s’est mis à défricher pour mettre en
culture la terre. On parle alors d’une agriculture vivrière. Une
agriculture destinée à l’auto suffisance alimentaire de l’homme.
L’impact de l’homme était en équilibre avec les ressources
naturelles.
La population humaine
n’a depuis cessé d’augmenter sur la planète et nous sommes
aujourd’hui plus de 7 milliards en 2014. Face à cette démographie,
l’homme a ces dernières années cherché des solutions pour
produire vite et beaucoup.
L’aire d’une
agriculture intensive à débuté principalement dans les années
1950, après la seconde guerre mondiale. C’est donc un phénomène
très très récent (moins de 100 ans) si l’on fait comparaison
avec l’apparition du genre homo sapiens il y a environ 2.4 millions
d’années.
C’est aussi l’aire
ou débute les échanges mondiaux de marchandises, facilités par les
progrès techniques. Les échanges de nourriture entre continents se
sont développés. L’objectif : produire plus et à moindre
cout… moindre pour les pays riches. Car si les pays « riches »
comme la France, profite de ce système marchand, c’est au
détriment de pays « plus pauvres ». Quand l’on
produits à moindre cout des denrées alimentaire dans les pays
pauvres, c’est au détriment de certaines populations qui eux
subisses et travaillent pour nous nourrir. De plus, pour accroitre
les productions dans ces pays, nous avons modifié les pratiques
agricoles des paysans et donc affaiblis leurs moyens de subsistance.
Si l’on regarde
globalement la situation d’aujourd’hui, une petite partie de la
population mondiale, exploite à son profit, une grande partie de la
population mondiale. Le parallèle s’établit de même quand à la
pression effectuée sur la terre nourricière : on exploite
intensivement une majorité de la surface planétaire, au profit
d’une petite partie de la population mondiale.
Cette situation n’est
donc plus durable !
La situation
agronomique de notre planète est très préoccupante !
L’érosion du sol, dû à l’usage de fertilisants chimiques ou
autres pesticides, résulte d’un appauvrissement de la biodiversité
vivant dans les différentes couches terrestres de la terre
nourricière. Les bactéries et la faune des sols disparaissent,
empoisonnés. Ce sont eux qui nourrissent les plantes cultivées par
la transformation de la matière organique. Ils sont partie
intégrante de l’écosystème des sols
Les haies et talus qui
préservaient des crues ont été arrachées pour favoriser
l’intensification des pratiques sur de plus grandes surfaces. Ces
barrières végétales jouent pourtant un rôle bien reconnu par le
plus grand nombre d’entre nous. Mais chaque hiver on observe encore
la disparition des maillages bocagers. Ces haies jouent aussi un rôle
important de corridors écologiques. Elles dessinent des autoroutes
communicantes pour la biodiversité et préservent le brassage
génétique des espèces animales et végétales.
La question de la
ressource en eau potable est récurrente ces dernières années. Les
intrants appliqués sur les cultures se retrouvent dans les rivières
et dans les nappes phréatiques (70% des ressources en eau sur la
planète (32.4% en Europe) sont utilisés pour l’irrigation des
cultures – source : ministère de l’agriculture). Pour
l’alimentation humaine, les moyens techniques de traitement de
l’eau pour sa potabilisation ne parviennent plus à atteindre les
objectifs sanitaires fixés. Enfin, le problème des algues vertes,
qui gêne pour l’activité touristique sur nos cotes, ne cache plus
les problèmes de la disparition de la biodiversité des mers et
océans déjà bien affectés par la pêche intensive.
Enfin, on connaît
aussi un réel problème de santé publique (de l’espèce humaine).
La qualité des aliments produits par l’agriculture intensive s’en
retrouve diminuée par des résidus de pesticides mais aussi par une
valeur nutritionnelle (vitamines, minéraux etc.) moindre.
Le morale des hommes
est aussi attaqué par cette politique d’intensification des
pratiques agricoles, qui dévalue le rôle que joue le paysan à
produire une alimentation (et un environnement) de qualité pour ces
concitoyens. La motivation de ces hommes doit être relancée par un
programme politique basé sur des fortes valeurs humanistes et éco
citoyennes.
Pour recréer un
équilibre planétaire, du point de vue humain et écologique (je
dirais même agronomique), il est donc urgent que chaque pays
réapprenne son auto-suffisante alimentaire. L’Agroécologie en est
la solution !
L’Agroécologie
c’est l’utilisation respectueuse des ressources offertes
localement par la nature. C’est se réapproprier
l’essentielle philosophie: vivre dans son écosystème en
garantissant sa protection, car celle-ci entraine notre survie.
L’homme doit donc retrouver sa place « d’être vivant »
sur la planète.
Quelles en sont les
règles ? Elles sont simples. L’Agroécologie tire toute son
importance dans la protection du sol vivant. La terre nourricière
n’est plus un support de culture, elle devient un organisme vivant
avec qui l’on compose pour faire fructifier par exemple une
culture. Avec le respect de la terre, c’est aussi la vie que l’on
respecte. Il y a donc une dimension sociale dans l’Agroécologie.
Respecter le vivant c’est respecter la biodiversité, les éléments,
et aussi et surtout respecter … l’homme. L’Agroécologie c’est
une éthique !
Pour appliquer
l’agroécologie comme éthique agricole au niveau mondial, nous
avons lourde tache. Mais la France n’est elle pas une terre aux
valeurs de fraternité. Pour rappel, « fraternité »
c’est l’expression de solidarité et d’amitié qui unit une
fratrie. Notre devoir de citoyen français doit donc s’appliquer à
cette tache de solidarité. Si un pays comme la France peut
s’appliquer aux pratiques de l’agroécologie sur son sol, elle
redeviendra plus fraternelle envers les citoyens et paysans qui nous
nourrissent et que nous exploitons actuellement dans certains pays.
Ces derniers pourrons retrouver eux même le chemin de l’agroécologie
que nous leurs avons enlevé. Ainsi, peut être ouvrirons nous la
voie à une politique mondiale plus fraternelle…
Que se passera t’il
si nous restons aveugle et refusons se choix, car c’est un choix
que nous devons prendre ensemble. Il ne se peut pour garantir un
changement, se substituer au changement de pratiques et d’éthique
de quelques individus dans notre pays et sur terre (c’est un
changement global de cheminement social qui aura un impact). Et bien
nous avons à penser que les richesses de notre planète
s’amenuisant, la population mondiale risque de souffrir de pénurie
alimentaire rapidement. Les pays sur peuplés ou n’ayant que très
peu de ressources seront les premiers touchés. Les famines
risqueront de soulever les hommes les uns envers les autres. Il
parait donc logique, raisonnable de s’appliquer à ce changement.
Nous avons de plus la chance d’avoir des femmes et des hommes pour
ouvrir la voie de ce changement. Ceux là, aux noms d’ONG diverses,
expérimentent, pratiquent l’agroécologie depuis plusieurs années.
Les résultats sont probants.
En 2012, le
journaliste Philippe Baqué présente son analyse sur la production
biologique mondiale dans son livre « la BIO, entre business et
projet de société ». Selon lui « 40 million d’ha sont
certifié en agriculture biologique en 2012 sur la planète. Les 2/3
sont en prairie pour la filière élevage. Le reste de la surface est
majoritairement affecté aux cultures de soja, d’huile de palme, de
blé ou de quinoa. Ces marchandises sont cultivées pour l’export
(pour le Japon, l’Europe ou l’Amérique du nord) dans des pays où
les habitants de ceux-ci ne les consomment pas (Amérique latine,
Asie, Afrique). En 2012 en France, 50% des produits bio sont vendus
en grande surface et proviennent de l’agriculture biologique
intensive. » . Toujours selon lui, la bio suit le chemin du
conventionnel (intégration, monoculture intensive). « L’agriculture
bio ne peut être que paysanne. Si elle est livrée à
l’industrialisation, elle ne fera qu’accélérer la disparition
du monde paysan ». (Source : Bastamag, Sophie Chapelle,
décembre 2012)
Le grand pas vers
l’agriculture biologique, n’est donc pas suffisant et il faut
encore modifier notre comportement social si l’on veut vraiment
progresser.
Nous pouvons donc nous
assurer aujourd’hui, qu’une réforme agraire, menant une
politique agroécologique, est une réel ambition vers un nouveau
mode de société et qu’elle garantira un modèle social et
environnementale propre à la survie et la dignité de l’homme sur terre.
Mikaël HARDY, Ecole Paysanne 35
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