mercredi 21 janvier 2015

Le Climat - Discours 12 - 2ème partie



Partie 2 : Demain le Monde


 
     Nous avons observé dans notre première partie, comment la planète a vécu des changements climatiques depuis sa formations il y a 4.5 milliards d’années. Nous avons observé et mis en évidence, comment l’activité humaine amplifie aujourd’hui l’un de ces nouveau scénario climatique ; avec l’augmentation de l’effet de serre. Pour terminer, nous comprenions que l’accélération de ce réchauffement des températures moyennes sur terre pourrait bien bouleverser les habitudes climatologiques de notre planète. Essayons maintenant de comprendre ce que demain sera…
     Le GIEC (groupe intergouvernementale d’experts sur l’évolution du climat), a observé depuis sa création en 1988, les changements et les évolutions du climat de notre planète. Entre 2013 et 2014 il a cherché a établir le scénario du climat de demain. Cette 2ème partie essaie d’en résumer le rapport d’étude pour mieux se préparer à demain. Si il n'y a aucune certitude absolue et qu'il ne faut pas être catastrophiste, il apparaît évident que la population doit se préparer au changement du climat terrestre, et donc de ces habitudes de vie sur terre. 

     Le climat change, et aucune mesure ne pourra l’en empêcher. C’est un fait. Si les causes de ce changement sont pour partie dues à l’activité de l’homme sur terre, le climat change à son rythme et l’homme doit par sagesse en tirer conclusion. Et peut être adapter son mode de vie pour que ce changement lui laisse le temps de s’organiser. Autrement dit, on pourra par des mesures fortes, atténuer ce changement mais en aucun cas l’arrêter. On pourra aussi laisser dire et laisser faire, mais il nous sera beaucoup moins aisé de s’y adapter.
La transition citoyenne ne doit pas toute seule agir, mais elle fera beaucoup. Les transitions agricole et industrielle doivent aussi se mettre en route. Les diverses politiques aussi… L’humain doit aussi s’intéresser au travail du GIEC pour préparer le terrain aux générations
futures. Aussi les changements climatiques qui interviennent vont modifier notre manière de vivre ensemble.
     L’objectif « politique » mondial aujourd’hui est de stabiliser l’effet de serre. C'est-à-dire de limiter l’impact de l’homme sur le processus de changement climatique qui est apparu « naturellement ». Si l’on stoppe les paramètres humains, cela ne voudra pas dire que le climat s’arrêtera de changer. Rappelez-vous, que les masses d’eau des mers et océans ne s’arrête ou ne change pas de température du jour au lendemain !cela fonctionne en décalé.
La température moyenne du globe a augmenté de +0.85°c depuis l’ère industrielle. Cette hausse est prévu d’atteindre +1°c en 2035. Si des efforts drastiques s’organisent dès aujourd’hui, rien ne changera cette prévision car ces +1°c sont définis par notre activité passée jusqu’a aujourd’hui en 2014. Si nous n’agissons pas aujourd’hui, par contre nous atteindrons les +4°c à l’aube de 2081-2100 par rapport aux températures de référence de 1986-2005.
     Les réchauffements ne seront pas les mêmes sur toute la surface du globe. Ils seront plus important sur les continents et moins importants sur les océans (Nous parlons de températures moyennes sur l’ensemble de la planète !). En suivant le modèle de scénario le moins alarmant, en Afrique, toutes les saisons seront touchées par ce réchauffement. En Europe le réchauffement sera plus important l’hiver dans le nord (et donc des périodes de neige plus courte). En méditerranée, c’est l’été qui sera plus chaud avec davantage de sécheresse. Dans les régions polaires de l’hémisphère nord, la hausse est prévu à +10°c ! En France nous devons nous préparer à une augmentation du nombre de jours de canicule (qui doublera en 2100) et a des périodes moins importantes de grands froids l’hiver.
En suivant le modèle de scénario le plus alarmant, les choses se gâtent encore plus après 2100. En 2300 ces scénarios envisagent une température moyenne du globe de +8°c à +12°c !
Le scénario le plus alarmant, c’est en conservant nos modes de vie actuels. Donc plus nous évoluons vers des modes de vie plus sobre, plus nous pourrons nous rapprocher du scénario le plus optimiste ! 

     Concernant les pluies, les températures augmentant, le phénomène d’évaporation puis de restitution sous forme de précipitations est envisagé. Mais les pluies ne se déclareront pas sur tout le globe. L’Afrique et la Méditerranée seront encore moins arrosées qu’aujourd’hui. Par contre le nord de l’Europe sera davantage arrosé l’hiver. Globalement en Europe, les contrastes vont se creuser entre régions humides et régions sèches et favoriser les inondations et les sécheresses.
Les contrastes entre les masses froides et les masses chaudes vont s’amplifier. Les catastrophes naturelles (tempêtes, cyclones) pourraient être plus fréquentes mais rien n’est encore certain actuellement.
Nous vivons (en Europe) à la même latitude que le Canada. Hors actuellement, le climat Européen et le climat Canadiens sont très différents. C’est le Gulf-Stream, ce courant marin chaud, qui amène sur l’Europe de l’ouest la douceur qu’il a emmagasiné dans les régions équatoriales et tropicales. Le Canada n’en bénéficie pas. Si ce courant marin déviait pour changer de cap, voir s’arrêter, cela pourrait jouer un tour au climat de l’Europe de l’ouest. Cette théorie est envisageable dans le sens ou la densité des masses d’eaux de l’océan atlantiques peut changer avec la fonte des banquises qui sont chargées en eaux douces (lire la partie 1). C’est bien quelque chose d’attendu mais les scientifiques ne sont pas tous en accord sur ce scénario. D’autres surprises sont envisageables.
5 types de changements devraient intervenir dans les prochaines décennies avec un réchauffement de +2°c: 

* Les glaces de mer de l’Arctique (et sa banquise) et les récifs coralliens ne pourront pas supporter un réchauffement de +2°c. en 2100, c’est certain, il n’y aura plus de banquise,
* Les phénomènes extrêmes tels les vagues de chaleur, les fortes précipitations, les inondations côtières, devraient s’intensifier,
* La disparition de la ressource en eau douce et les difficultés pour la production agricole, vont impacter fortement certaines populations,
* La biodiversité et donc l’ensemble de l’économie mondiale vont souffrir de ce réchauffement,
* Les écosystèmes et certains systèmes physiques vont être touchés de façon irréversible. 

Tous ces changements s’aggravent dangereusement suivant l’augmentation du réchauffement. On parle d’un monde nouveau à partir de +4°c !

     On peut déjà affirmer que d’ici quelques années (avant la fin de notre siècle), la banquise va disparaître avec les glaces du pôle nord. Dans les montagnes françaises, les loisirs et sports d’hiver vont aussi disparaître avec la fonte des glaces et disparition des neiges.
Le niveau des mers va augmenter d’un mètre d’ici la fin du siècle et donc des îles vont être noyées (comme les Maldives ou plus près de nous en Bretagne, l’ile de Sein…). Progressivement, au Languedoc, en Camargue ou au bassin d’Arcachon, les côtes vont être grignotées. Pour des pays comme le Bangladesh ou la Hollande c’est de véritables crises qui s’annoncent.
Les mers sont elles mêmes affectée au sens chimique. Les eaux vont s’acidifier (augmentation de la teneur en dioxyde de carbone qui se dissout dans l’eau) ce qui va être dangereux pour certains organismes comme les coquillages (leur coquille est en calcaire et il va se dissoudre avec l’augmentation du PH). D’ici 2100, le PH des mers va baisser (s’acidifier) de 0.06 à 0.3 en moyenne. Disparition de certaines espèces, c’est disparition de proies pour d’autres espèces…
Les perturbations dans les courants marins pourront occasionner par contre de grosses augmentations de populations de certaines espèces marines (+30 à +70% !! et principalement pour des espèces d’eaux chaudes), du moins pour un temps. Les hausse de température des mers peut par contre faire disparaître les espèces inféodées a certaines températures.
     Dans les terres, avec les sécheresses, l’eau douce va se raréfier. En moyenne sur le globe, on parle de -20% des ressources en eau douce par augmentation d’1°c. En Afrique, il n’y aura plus d’eau douce, mais dans les hautes latitudes comme l’Europe du Nord, les ressources en eau vont grossir avec l’augmentation des précipitations. Si dans certaine régions sèches, la fonte des glaces de montagne va générer beaucoup d’eau… ce ne sera que pour un temps (plus de glace, plus d’eau). Dans les zones ou les précipitations augmenterons, des inondations sont envisageables.
     Les écosystèmes vont changer et la biodiversité par conséquence. Si certaines espèces comme les oiseaux sont très mobiles, d’autres le sont moins. La capacité d’adaptation des espèces animales et végétales va dépendre à leurs facultés de déplacement (et leur rapidité dans ces déplacement). De très nombreuses espèces vont disparaître. Car la vitesse du réchauffement planétaire (accéléré par l’activité humaine) n’a rien de naturel. La nature ira donc à son rythme. Des espèces ne pourront donc pas atteindre des latitudes ou des altitudes plus fraîches a temps, et donc disparaîtrons. Tout comme dans les océans, c’est l’ensemble de la chaîne alimentaire qui va être affectée. L’homme doit se préparer a changer ses modes de productions agricole pour s’adapter lui aussi à tous ces changements. Déjà notre faune et notre flore perçoivent les changements climatiques. Et déjà l’adaptation est en route. De nombreuses espèces ont déjà démarré le voyage. Et aussi le monde naturaliste l’a déjà observé. Si nous avons indue certaines disparitions d’animaux ou de végétaux aux causes des pollutions, il est certain aujourd’hui que le facteur du changement climatique s’y est additionné. Finalement pollution et changement climatiques… tout est lié… 

     L’économie et la démographie vont aussi être bouleversées par tous ces changements. Dans la production agricole mondiale, des baisses de rendement sont déjà observées depuis quelques années. Ces baisses sont bien sûr localisées. Mais elles pourront se généraliser si nous ne prenons pas garde. Par contre, dans certaines régions, le climat est devenu propice à certaines productions agricoles. On parle par exemple de rendements +25% pour la betterave sucrière en Irlande. Alors qu’en Italie, les rendements maïs on baissé d’1/4. L’Europe du Nord, plus humide et plus chaud, devrait voire son agriculture s’épanouir. Tandis que l’inverse se profile pour les régions Méditerranéennes.   Globalement les régions arides vont s’étendre en Afrique. Les productions de céréales (dont le riz) vont baisser en Chine et en Inde. D’après le GIEC, le réchauffement de la planète à +2°c devrait être finalement favorable à la production agricole mondiale. Mais les spécialisations des productions vont évoluer dans l’espace géographique. Par contre un réchauffement supérieure à +2°c aura un effet inverse à cette prévision… Ce qui va réellement changer, c’est la vie de certaines populations. Les populations les plus fragiles vont devoir migrer, poussées par l’aridité (ou la monté des eaux). Et donc la démographie dans certaines régions du globe (là ou l’agriculture va être favorisée) va être très perturbée. Le risque de tension va s’accroitre… c’est déjà le cas avec les vagues d’immigration en Europe. Si des populations d’Afrique cherchent à venir en Europe, c’est qu’elles sont poussées vers le nord par l’aridité qui s’installe dans leur région d’origine. La répartition de l’humain sur terre va donc changer. A nous de réfléchir ensemble et de prévoir aujourd’hui l’accueil de ces populations (on parle aujourd’hui, plus de maîtrise de l’immigration plutôt que d’aménagement de l’espace pour accueillir les migrants, c’est du contre sens !). Et si nous imaginions, qu’à son tour, tout notre peuple va devoir déménager… pour aller plus au nord… Et notre économie doit s’y préparer. La demande énergétique dans certains pays va donc s’amplifier suivant l’accroissement des populations. Si nous ne l’avons pas compris le monde de l’industrie travaille depuis des dizaines d’années sur ce grand projet d’adaptation (a quoi peu servir l’acharnement pour un barrage à Sivens !) … ce n’est pas pour autant qu’il nous faut laisser faire n’importe quoi !
     La santé de l’humain va être impactée par le changement climatique. Si la mortalité due aux canicules va augmenter, la mortalité due aux grands froids va baisser. Le risque est fonction de notre capacité à résister au rayonnement solaire et notamment aux ultraviolets (risque plus important de cancers de la peau ou de la cataracte). Mais les effets du soleil, c’est aussi un bénéfice sur la synthèse de vitamine D (ce qui est plus positif). D’autres phénomènes
sanitaires seront occasionnés par l’augmentation des températures (qualité des eaux potables par exemple).
Ces changements climatiques vont changer beaucoup de chose dans la cartographie mondiale des pays riches et des pays pauvres. Notre Civilisation est en train de disparaître. Mais une autre est naissante et Demain s’écrit aujourd’hui ! 

     C’est par choix que ce dossier ne traite pas précisément de l’impact du changement climatique, sur nos seules régions (Europe, France, Bretagne). Car finalement, nous vivons sur la Terre. Et nous sommes acteurs et dépendant de la Terre entière ! Dans un prochain discours, nous verrons plus précisément comment s’organiser en région et en intelligence avec le reste du monde…
     Notre capacité d’adaptation va être mise à l’épreuve. Pour nous préparer, nous devons très vite nous éloigner de cette peur qui nous envahie à la lecture de ce discours. Nous le devons pour nos enfants (les générations futures) et pour tous les peuples qui n’ont pas encore conscience de tout ça… Retroussons nos manches ! 



(À suivre…) 



Mikael HARDY, École Paysanne 35 




samedi 17 janvier 2015

Le Climat - Discours 12 - 1ère partie

Partie 1 : observation 





     L’humain, son passé et son avenir pose question. Aujourd’hui, la fin de notre civilisation est quelque chose d'abstrait. Quelque chose de flou. Car c’est inconcevable de croire que notre civilisation va disparaître. Pourtant, de nombreuses civilisation on bien disparues avant la naissance de la notre.
Le phénomène de réchauffement climatique est une question beaucoup plus palpable pour l’ensemble des peuples sur terre. Car ses effets se ressentent et ils sont déjà conséquents. Et si la question du réchauffement climatique était le signe qui menace de la fin de notre civilisation ?
Si le réchauffement climatique n’est pas la cause de tous nos maux (Racisme, écart et mauvaise répartition des richesses, disparition de la biodiversité et des ressources, pollution, etc.), n’est ce pas la conséquence même de toutes les maladies de notre civilisation ? 

     C’est au cours des années 1980 que l’on a commencé à s’inquiéter du problème de réchauffement climatique. En 1988, le Groupe Intergouvernementale d’Experts sur l’Evolution du Climat (GIEC) est mis en place sous l’égide de l’ONU. La mission du GIEC est « d’établir un diagnostic sur le rôle potentiel des activités humaines sur le climat ». Depuis les années 1950, il est avéré par la communauté scientifique que le climat mondiale connaît un réchauffement global. Les observations d’augmentation de la température des océans, de la fonte des neiges et des glaces et la monté du niveau des mers est bel et bien confirmé et observable par tout à chacun.
Durant son histoire, la planète à connu durant ses 4.5 milliards d’années, des variations climatiques. Mais celles qui sont observées aujourd’hui sont sans commune mesures : plus rapides et plus importantes et pas naturels.
En septembre 2013, le GIEC rend sont 5ème rapport depuis sa création. Entre 1901 et 2012, la température moyenne du climat a augmenté de + 0.89 °c. L’observation importante tient dans l’écart des températures moyennes entre la nuit et le jour. Il s’avère que la nuit, les températures ne baissent plus. Les températures minimales augmentent. Et de plus en plus vite au cours des dernières années par rapport aux températures maximales (2 fois plus vite entre 1950 et 1979). Conséquences, les nuits de gel en France se font plus rares et les nuits chaudes sont plus fréquentes. En Europe, les périodes de canicules estivales se font de plus en plus fréquentes. Il en est de même aux États Unis. Dans les régions boréales, l’élévation des températures est encore plus importante ; en 60 ans, les hivers d’Alaska ont gagné + 4 °c. Si les températures terrestres augmentes, la température de la surface (dans les premiers 75m) des océans du monde entier augmente aussi (+0.1°c tous les 10 ans depuis 1970). Si les chiffres nous paraissent abstraits, les conséquences ne le sont pas ! 

     Les glaciers fondes et d’années en années, de plus en plus vite. Dans les années 90, le Groenland à perdu 123 milliards de tonnes de glace par an. C’est aujourd’hui 228 milliards de tonnes de glace par an qui disparaissent. Dans le grand nord en Arctique, la banquise rétréci toutes les saisons depuis 1979, soit -13% de sa surface. La banquise d’été qui ne fondait jamais avant 1978, a rétréci de 40% et devient de plus en plus fine (-2 mètre en son centre depuis 1980). Plus au sud en Antarctique, c’est aujourd’hui 112 milliard de tonnes de glaces par an qui disparaissent. Le phénomène de fonte des glaces s’accélère encore plus depuis une dizaine d’année. La glace disparaît aussi en montagne et les grands glaciers fondent depuis ces 10 dernières années. Idem pour l’enneigement de montagne.
Disparition des glaciers et neiges de montagne et c’est le niveau des mers qui augmente ! Cette monté des mers est dû aussi à la dilatation des océans… car comme tous matériaux, l’eau se dilate en chauffant. Le niveau des océans est mesuré depuis 150 ans. Depuis le début du 19ème siècle le niveau des mers a augmenté de 20cm. Depuis le début du siècle dernier, le phénomène s’amplifie et le niveau des mers augmente de 1.7 mm par an. Depuis 20 ans, ce niveau des mers grignote les terres de 3.2 mm par an !
     La pluviométrie moyenne sur l’ensemble de la planète ne semble pas affectée par tous ces phénomènes. Mais les observations montrent qu’en Europe et en Amérique du nord les précipitations augmentent depuis 1950, en fréquence et en intensité. De fortes pluies et des périodes de sécheresses impactent la Méditerranée. Les phénomènes d’inondation et de périodes de sécheresses semblent êtres observées localement mais pas sur l’ensemble du globe. Les autres catastrophes naturelles comme les cyclones ou les tempêtes sont aussi observées pour l’instant localement. 

     Pour évaluer les conséquences et l’évolution futurs du réchauffement climatique qui apparaît, les scientifiques (paléo-climatologues) se reposent sur la lecture de l’histoire de la planète qui a déjà connu des changements climatiques. Plusieurs techniques sont utilisées, dont la lecture des couches successives de sédiments marins qui sont composés de petits coquillages (pour chaque espèces, représente une température d’eau vitale) ou l’observation des squelettes coralliens dont la croissance dépend de la température des mers et leurs façonnage du mouvement des courants marins qui ont eux aussi variés en fonction des périodes climatiques. Sur les continents, les arbres, les pollens, les tourbières, les lacs, les stalagmites etc. sont des bibles d’histoire de notre planète. Enfin les glaces renferment d’innombrables indices. Les carottages permettent de collecter et d’observer des poussières, pollens, gaz et bulles d’airs que les glaciers ont emprisonnés. Ce sont aussi des informations qui permettent de lire l’histoire de notre planète.
Cette reconstitution historique de l’histoire planétaire est passionnante. Des ères de glaciation ont alternés avec des périodes climatiques à fort réchauffement. La géologie de la planète a évolué en conséquence. Mais aussi la vie, avec des disparitions et des apparitions d’espèces animales et végétales. L’homme est apparue sur terre à l’ère Quaternaire (notre ère) il y a 2 à 3 millions d’années. Sur le Genre Homo, seule l’espèce Homo-habilis a survécu car elle a su s’adapter et résister à plusieurs formes de variations climatiques extrêmes. 

     L’homme a donc au fil de son évolution affronté plusieurs formes de réchauffement et de refroidissement de la planète… et nous sommes encore là aujourd’hui… Doit-on en conclure que notre espèce survivra au réchauffement qui s’observe actuellement ? Car l’évolution climatique actuelle (même si ses mécanismes sont déjà à l’œuvre depuis plusieurs décennies) est aussi dépendante d'un paramètre nouveau dans l'évolution  de la planète : le « paramètre humain ».
Bien qu’il existe de nombreux paramètres qui rendent le climat de notre planète changeant, il est certain aujourd’hui que l’activité humaine est devenue le principal acteur de ce nouveau réchauffement. Qu’incrimine-t-on en fait ? Les dioxydes de carbone et le méthane émis par les multiples activités humaines (industrie, transports etc…) influent sur l’effet de serre et augmentent l’élévation de la température de la planète. Ils s’accumulent dans l’atmosphère et nous renvoie le rayonnement infrarouge, ce qui provoque ce réchauffement. Le soleil rayonne vers la terre, et la terre reflète logiquement ce rayonnement vers l’espace. Mais les gaz à effet de serre sont des composants gazeux qui renvoient vers le sol terrestre le rayonnement infrarouge émis par la surface terrestre et contribuent à l'effet de serre. L'augmentation de leur concentration dans l'atmosphère terrestre est l'un des facteurs d'impact à l'origine du récent réchauffement climatique. Et plus la terre se réchauffe, plus l’eau des mers et océans s’évapore. Il faut savoir que les vapeurs d’eau sont aussi des gazes à effet de serre efficaces… alors plus l’eau s’évapore et plus le climat se réchauffe. 

     Le dioxyde de carbone (CO2) est émis lors de la combustion du charbon, du pétrole, du gaz naturel et lors de la fabrication du ciment. Ces émissions ont augmentés dès le 19ème siècle. En 1927 ont en produisait 4 milliards de tonnes. Dans les années 1960 ont dépassait les 10 milliards de tonnes produites. En 2012 on atteint les 38.5 milliard de tonnes dont 88% sont dû à la combustion fossile (carbone, pétrole et gaz naturel). Le reste est à 4.5% dû à la production de ciment et les 7.5% restant à la déforestation… Une moitié de ce CO2 est encore absorbée par le sol, la végétation et les océans (photosynthèse), mais l’autre moitié s’accumule dans l’atmosphère et favorise le réchauffement climatique, qui favorise l’évaporation de l’eau (qui favorise encore plus le réchauffement climatique…). En moins de 3 siècles, on a dépassé en un temps record ( !! ) la quantité de CO2 émise dans l’atmosphère, depuis des millions d’années en arrière de l’histoire de la planète. Nous sommes à la veille de l’année 2015… et la production de CO2 continue de croître de manière incroyable !
Le méthane (CH4) est produit lors de l’exploitation du charbon et du gaz naturel. Mais aussi par la décomposition des végétaux en anaérobie lorsqu’elle a lieu sans oxygène (marécages, rizières). Viens ensuite les incendies, décharges, digestion des bovins, etc. l’agriculture intensive et l’industrialisation ont multipliées par 2.6 la production de CH4 depuis le 19ème siècle (début de l’ère industrielle).
     D’autres gazes à effets de serre sont aussi facteurs de se réchauffement climatique : protoxyde d’azote, (en augmentation de 20% depuis l’ère industrielle), les chloro-fluorocarbures (frigos et climatisation) qui sont mieux réglementés aujourd’hui mais remplacés par les hydro-fluorocarbures touts aussi redoutables etc. Ces gazes sont en proportion, moins dégagées dans l’atmosphère (du moins en moindre quantité) mais leurs effets sont jusqu'à 10 000 fois supérieurs à celui du CO2.
En 150 ans, l’homme a modifié la composition atmosphérique de la planète. D’où la précipitation de ce réchauffement climatique. 

     La distribution des terres sur le globe est actuellement très marquée et divise la surface terrestre en continents. Il y a 250 millions d’années, la Terre ne comptait qu’un seul continent. Peu à peu des océans et des bras de mers se sont formés et ont éclatés ce continent unique. Ce qui a formé les courants marins comme le Gulf-stream. Eux aussi participent aux équilibres climatiques du globe en distribuant les masses de températures froides ou plus chaudes. Sur les continents, les montagnes modifient les trajets de masses d’air et donnent aussi des contrastes de températures.
Les mers et océans sont des masses d’eau qui emmagasine la chaleur sur plusieurs jours. La température de cette masse d’eau est peu sensible a l’alternance jour nuit (en septembre, l’eau de votre baignade sur les cotes de la manche, reste sensiblement à la même température qu’au mois d’aout que ce soit de nuit ou de jour). L’atmosphère est beaucoup plus réactif et sont refroidissement est très rapide (du jour au lendemain, on ressent bien le changement de température extérieure à l’arrivé de l’automne, l’amplitude peut aussi très vite varier l’été entre les températures de nuit ou de jour). L’automne est souvent sujet aux tempêtes dans nos régions. Elles sont provoquées et leurs forces varient suivant l’écart qu’il y a entre les températures des masses d’eaux et les températures des masses d’airs.
     Les mers et océans (soit 70% de la surface du globe) sont des masses d’eaux qui sont en mouvement permanent. Ce mouvement est mécaniquement indu aux différences de densité des eaux. Plus une eau est froide et salée, plus elle est dense. Et plus l’eau est dense et plus elle s’enfonce en profondeur. Les précipitations (composées d’eau douce) dilues et donc allège les eaux en fonction de là ou elles tombent. Les masses d’eau sont réchauffés au niveau de l’équateur et refroidîtes au niveau des pôles. Ce sont donc ces facteurs qui organisent les courants marins et participent à la circulation des masses d’eau. Les masses d’eau chaudes, poussées par les courants, peuvent rencontrer des masses d’aire froide. Ce qui déclenche des accidents climatiques comme les tempêtes (ou pire).
     Au pôle nord comme au pôle sud, les glaciers sont aussi des régulateurs du climat. Ces masses blanches réfléchissent une grande partie du rayonnement solaire qui est renvoyé vers l’espace. Ces gros glaçons stockent l’eau l’hiver et isolent l’eau qui perd moins en chaleur. La glaciation ou la fonte des glaces influencent la circulation des masses d’eau sur la planète.
En montagnes, les neiges et glaciers stockent de l’eau douce depuis des millénaires. Au printemps, une partie des neiges fond et ruisselle vers les mers et océans. L’hiver suivant, les montagnes sont rechargées en neige avec les précipitations hivernales. C’est le cycle de l’eau. 

     Le réchauffement climatique que l’on observe aujourd’hui va considérablement changer les habitudes. De l’eau douce, issue de la fonte des glaces, va s’ajouter aux masses d’eau des mers et océans. La composition et la densité des masses d’eau des mers et océans va changer. Les mouvements mécaniques risquent d’être modifiés. Les courants marins vont changer leurs itinéraires et déplacer les masses d’aires et les masses d’eau de façon différentes. La masse d’eau va s’accroitre globalement sur la planète et peut être gagner en influence. Elle se réchauffe et augmente la température globale de la planète. Ce qui va amplifier le changement climatique… 


(À suivre…)



Mikael HARDY, École Paysanne 35 





dimanche 11 janvier 2015

RAPPORT DE L'ONU SUR L'ALIMENTATION


Olivier De Schutter :

 « Notre modèle agricole mondial est à bout de souffle »

 

Le Monde | Propos recueillis par Gilles van Kote

Une crise des prix alimentaires, les débats sur les agrocarburants ou sur les « accaparements de terres », un duel à fleurets mouchetés avec Pascal Lamy, directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) jusqu'en 2013 : les six années qu'a passées le juriste belge Olivier De Schutter au poste de rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation ont été bien remplies. Alors que son mandat arrive à échéance et que la Turque Hilal Elver lui succède, il affirme que le modèle agro-industriel est dépassé et que la solution aux défis alimentaires actuels ne viendra pas des Etats mais des citoyens.

 

Quels progrès ont été effectués sous votre mandat en matière de droit à l'alimentation ?

     Olivier De Schutter L'accueil qu'a reçu mon rapport final, que j'ai présenté en mars au Conseil des droits de l'homme des Nations unies, montre un consensus qui aurait été inimaginable il y a six ans. En premier lieu sur le fait qu'il faut aider chaque pays à se nourrir lui-même et que la question de l'alimentation ne pourra pas être résolue par la concentration de la production dans les régions les plus efficientes, l'aide alimentaire et le commerce international. C'est un premier changement de paradigme.

Le deuxième changement, c'est l'importance qu'a pris la question de la nutrition, un sujet largement occulté depuis trente ans. Enfin, troisième changement : la prise de conscience que notre modèle agricole, fondé sur des intrants intensifs (engrais et pesticides) et dépendant de l'industrialisation toujours plus poussée de l'agriculture, est à bout de souffle. Il faut donc changer de cap et aller vers l'agroécologie. Le problème, c'est que les Etats rencontrent beaucoup d'obstacles pour passer du discours aux actes.

Pouvez-vous être plus précis ?

     Je dénombre quatre verrous. Le premier est d'ordre technologique : la modernisation de l'agriculture mondiale s'est fait uniquement selon un modèle productiviste. Le deuxième est socio-économique : de grands acteurs dominent le marché, aussi bien au niveau des producteurs d'intrants que des industries de transformation. La possibilité pour de petits acteurs ou même des acteurs de taille moyenne de créer des alternatives est donc très limitée.
Le troisième obstacle est culturel : nos modes de vie pressés dépendent d'une alimentation transformée et facile à préparer. Enfin, l'obstacle politique : les gouvernements sont sensibles aux intérêts de leurs grandes entreprises agro-alimentaires, qui se trouvent de fait disposer d'un droit de veto sur les transformations d'ensemble.

Les Nations unies ont fait de 2014 l'année de l'agriculture familiale, mais ne reste-t-on pas dans le pur discours ?

     Il y a une prise de conscience de ce que l'agriculture familiale apporte en matière de réduction de la pauvreté rurale, de gestion raisonnée des écosystèmes ou de diversité des productions agricoles et des systèmes alimentaires. Mais rares sont les gouvernements ayant les moyens budgétaires de la soutenir, comme l'a fait le Brésil, qui a compris la nécessité d'organiser la coexistence entre agriculture industrielle et agriculture familiale.

Quelle est la part de responsabilité des pays en développement, qui négligent leurs propres agriculteurs depuis des décennies ?

     Il existe un problème de perception de ce qu'est la modernisation de l'agriculture. Elle est vue et comprise par les élites de ces pays comme une industrialisation toujours plus poussée. Quand on parle avec les dirigeants des pays les moins avancés, on constate que leur vision consiste à effectuer chez eux la même transformation qui s'est opérée au Nord tout au long du XXe siècle vers une agriculture industrialisée, remplaçant les hommes par des machines et utilisant de fortes doses d'intrants.

A cela s'ajoute un problème politique qui est celui de la sous-représentation des petits agriculteurs dans les structures de décision. C'est une frange importante de la population mais qui a du mal à se faire entendre par manque d'organisation. L'idée qu'il s'agit d'une catégorie de la population vouée à disparaître continue à être dominante. Alors qu'il serait de l'intérêt des Etats concernés de revenir sur une vision qui, depuis trois décennies, les a conduits à négliger les agriculteurs dans leurs politiques publiques.

Peut-on compter sur les gouvernements actuellement en place pour mettre en place ces réformes, alors que nombre d'entre eux semblent donner la priorité à des intérêts particuliers plutôt qu'au bien commun ?

     L'absence de prise en compte de l'intérêt général et des intérêts à long terme des populations rurales est un obstacle considérable. Beaucoup de réformes, dont chacun reconnaît pourtant la nécessité, sont rendues difficiles par le fait que ces gouvernements n'ont pas à rendre de comptes à leur population. Et une raison pour laquelle certains pays ont fait leur révolution agricole, en fournissant des intrants à leurs agriculteurs et sans s'attaquer aux raisons structurelles de leur faible productivité, c'est que les intérêts des gouvernements étaient très proches de ceux des fournisseurs d'engrais ou de pesticides.

Que pensez-vous du rôle de plus en plus important du secteur privé dans les politiques de soutien à l'agriculture dans les pays du Sud ?

     La montée en puissance du secteur privé, à travers des partenariats comme la Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition ou des fondations philanthropiques comme la Fondation Gates, est un phénomène dont on ne mesure pas encore la portée. Le problème que j'y vois est que l'agenda du secteur privé n'est pas forcément convergent avec celui de la réduction de la pauvreté rurale et du renforcement des capacités des petits agriculteurs. Le savoir-faire du secteur privé est irremplaçable, mais il revient aux gouvernements d'encadrer ses activités et de canaliser l'investissement privé vers la réduction de la pauvreté rurale.

Dans le cadre de la Nouvelle Alliance, des gouvernements s'engagent en matière de cession de terres agricoles et de développement d'infrastructures en passant par dessus la tête des populations. Dans plusieurs pays où je me suis rendu, la Nouvelle alliance est considérée comme une initiative technocratique d'où la dimension participative est totalement absente. Je constate qu'il existe aujourd'hui un agenda « schizophrène » entre un secteur privé qui donne le ton sur la manière dont se transforment les systèmes agro-alimentaires et des gouvernements qui voudraient aller dans une autre direction mais n'ont pas tous les leviers en main.

La nécessité pour les pays les moins avancés de se doter d'un socle de protection sociale dans le cadre de la lutte contre la faim est une idée qui semble progresser...

     Il s'agit de l'une des évolutions les plus prometteuses de ces trois ou quatre dernières années. Pour un pays en développement, se doter d'un système de protection sociale constitue un investissement dont les bénéfices à moyen terme seront considérables. Une protection sociale solide entraîne une baisse mécanique du taux de natalité – le nombre d'enfants faisant aujourd'hui office d'assurance-vieillesse pour les plus pauvres– et une augmentation de l'investissement dans l'éducation.

Avec la rapporteuse spéciale des Nations unies sur les droits de l'homme et l'extrême pauvreté, Magdalena Sepulveda, nous avons proposé la création d'un fonds mondial pour la protection sociale. Il s'agit de donner aux pays les moins avancés la garantie que leur système sera financé en cas de catastrophe naturelle, de baisse de leurs recettes d'exportation ou d'augmentation de leur facture d'importations.

Dans votre rapport final, vous appelez à mettre un terme aux politiques basées sur des prix alimentaires peu élevés. N'est-ce pas paradoxal ?

     L'idée que l'on ne peut aider les populations pauvres qu'en leur garantissant l'accès aux denrées alimentaires à un prix abordable relève du passé, car elle revient à limiter les revenus des petits agriculteurs et à maintenir une approche « low cost » de l'agriculture. Il faut aujourd'hui que les plus pauvres soient aidés par des politiques publiques redistributives qui leur garantissent le droit à une protection sociale.

Tout au long de votre mandat, vous avez bataillé avec Pascal Lamy, alors directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Vos divergences perdurent-elles ?

     Le fantôme du XXe siècle hante toujours l'OMC, qui fait figure de dernier des Mohicans. De toutes les agences internationales qui s'intéressent aux questions d'agriculture et d'alimentation, l'OMC est la seule qui n'ait pas fait sa mue vers la reconnaissance de la nécessité pour chaque pays d'assurer sa production alimentaire et d'investir dans les sytèmes locaux.

J'ai vu cette mue s'opérer partout, que ce soit à l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) ou à la Banque mondiale, mais l'OMC continue de défendre un modèle dépassé, qui consiste à accentuer la division internationale du travail, au risque d'une dépendance de plus en plus forte des régions les moins compétitives. La crise des prix alimentaires de 2008 a montré la grande vulnérabilité qui résultait de ce modèle pour les pays en voie de développement.

Une crise similaire pourrait-elle se produire de nouveau aujourd'hui ?

     La crise de 2008 a résulté d'une réaction de panique par rapport à des informations sur le niveau des stocks de matières premières agricoles et sur la qualité des récoltes. Il y a eu un effet domino, certains pays limitant leurs exportations, d'autres achetant en masse. Un élément a été amélioré depuis : la capacité de la communauté internationale à réagir aux crises grâce à la mise en place du Système d'information sur les marchés agricoles (AMIS), qui limite les risques de réaction en chaîne, et au développement des systèmes d'alerte précoce dans les pays du Sud.

Malheureusement, les facteurs structurels de deséquilibre perdurent. Il en est ainsi de l'augmentation de la consommation de protéines animales ou d'agrocarburants dans le monde comme de notre incapacité à traiter le problème du gaspillage et des fuites dans les systèmes agro-alimentaires. Je ne suis par conséquent pas du tout rassuré : nous allons au-devant d'une période de prix alimentaires élevés et volatils, qui vont nécessiter de la part des gouvernements des mesures beaucoup plus énergiques que celles qui ont été prises jusqu'à présent.

Vous appelez notamment à la fin des politiques de soutien aux agrocarburants...

     Les Etats se sont trompés dans leur appréciation sur les agrocarburants, et c'est quelque chose de très difficile à reconnaître pour leurs dirigeants. Ils n'ont pas anticipé les trois grands impacts des politiques de soutien, menées notamment par les Etats-Unis et l'Union européenne : la connexion des prix alimentaires avec ceux de l'énergie, ce qui a entraîné une plus grande volatilité ; une spéculation très forte sur les matières premières agricoles ; et une pression considérable sur les terres dans les pays en voie de développement.

Ces effets sont aujourd'hui parfaitement connus, mais c'est un domaine où l'idéologie l'emporte sur la science et où l'on n'a pas eu encore le courage de revenir sur les promesses faites aux investisseurs. Pour moi, c'est un échec de ne pas avoir réussi à infléchir le cours de ces politiques.

Faudra-t-il une crise mondiale majeure pour faire bouger les Etats ?

     Il appartient à chacun d'entre nous de tirer les conséquences de ce que nous savons sur l'impact du gaspillage alimentaire, de la consommation de viande et d'agrocarburants. Je suis relativement optimiste, car je sens une impatience de plus en plus vive face à la lenteur des gouvernements. Si les citoyens ne prennent pas eux-mêmes les choses en main, on risque de devoir attendre une crise majeure qui nous contraindra à des changements de comportement de manière beaucoup plus drastique.

Le changement doit venir des pays industrialisés, car, à travers nos modes de consommation, nous sommes responsables de cette pression sur les ressources qui introduit une concurrence entre populations riches du Nord et pauvres du Sud. L'Union européenne utilise ainsi 20 millions d'hectares de terre dans les pays du Sud, notamment au Brésil et en Argentine, pour produire le soja consommé par ses élevages industriels.

Qu'avez-vous appris au long de vos six années de mandat ?

     Je croyais à la toute-puissance de l'Etat, je crois aujourd'hui à la toute-puissance de la démocratie. Je ne pense plus qu'il faille attendre passivement que les gouverments agissent d'eux-mêmes. Les blocages sont trop nombreux ; les pressions qui s'exercent sur eux, trop réelles ; et les acteurs faisant obstacle au changement, trop puissants.

Je pense que la transformation des systèmes alimentaires s'opérera à partir d'initiatives locales. Partout où je vais dans le monde, je vois des citoyens qui en ont assez d'être considérés comme des consommateurs ou des électeurs et veulent être de véritables acteurs du changement en cherchant à inventer des façons plus responsables de produire et de consommer.

     Le message final que je remets aux gouvernements, c'est la nécessité de démocratiser les systèmes alimentaires. Cela signifie qu'ils doivent admettre qu'ils ne détiennent pas toutes les solutions et qu'il faut accorder une grande place aux citoyens dans la prise de décision. Je crois aujourd'hui davantage à une transition imposée par des initiatives venues d'en bas que par des réglementations imposées d'en haut.



 « Les pays riches doivent progressivement rompre avec les politiques agricoles tournées vers l’exportation et permettre au contraire aux petits agriculteurs des pays en développement d’approvisionner les marchés locaux, » a déclaré M. De Schutter. 

« Ils doivent également refréner leurs revendications grandissantes de terres agricoles mondiales en maîtrisant la demande en alimentation animale et en agrocarburants, et en réduisant les gaspillages alimentaires. »