Le discours s'entend au sens ou le
pratiquait les philosophes grecs : une conversation qui permet
l'excursion dans tous les recoins de notre pensée.
Notre société
moderne a été bâtie, après guerre, sur le programme du Conseil
National de la Résistance, programme résolument de gauche. Mais
nous ne pouvons que constater aujourd'hui la prédominance d'un parti
qui en est le stricte opposé.
Les
fondamentaux du FN que sont la xénophobie et le repli sur soi ne
trouvent d'échos aujourd'hui que du fait de la désespérance
humaine. Malgré ce que l'on veut nous faire croire, les français ne
sont pas racistes (nous sommes le premier pays au monde en terme de
mariages « mixtes ») et si le FN est resté jusqu'ici
minoritaire en terme de vote c'est parce que ses thèmes ne sont pas
si porteurs. Parce que la vraie attente des citoyens se situe à un
autre niveau, celui de la qualité de la vie.
L'autoritarisme et le
nationalisme qui émergent aujourd'hui sont des tares congénitales
du capitalisme. L'accumulation de capital de quelques uns engendre
forcément l'appauvrissement des autres. Or pour conduire une masse
d'individus, qui forcément va en s'accroissant et en
s'appauvrissant, le gouvernement n'a d'autres choix que de « serrer
la vis ». Et donc de s'orienter vers un État policier et
liberticide.
Au début du 20 ème
siècle on appelait les « classes laborieuses » (les
ouvriers, les paysans sans terre) les « classes dangereuses ».
La bourgeoisie s'étonnait que des individus, à qui on ne laissait
pas le minimum vital, deviennent aigris et violents ! Le chômage
était important, les salaires ridicules et les droits des salariés
quasi inexistants. L'alcool faisait des ravages.
L'épisode de la
Commune de Paris (18 mars 1871 au 28 mai 1871) fût une tentative
pour ces classes laborieuses de réinstaurer la fraternité,
l'égalité et la liberté qui avaient émergé sous la Révolution.
Cela s'est terminé dans un bain de sang.
On peut s'étonner
d'un discours sur le Front National dans cette Réforme Agraire
pourtant c'est bien l'amour de la Liberté et de la Fraternité qui
nous mène à cette Réforme. Alors prenons le temps d'une mise au
point sur le Front National.
Pour comprendre un
groupe ou une idée, il est important de connaître ses origines.
Comme tous les partis
politiques sur le devant de la scène de nos jours, le nationalisme
est un enfant de la Révolution.
Quand l'Assemblée se
constitue en 1789, les monarchistes se placent à la droite de la
salle et demandent le respect de la royauté. Ils se divisent en deux
branches :
Ce qui unifie les
droites aujourd'hui c'est l'idéologie de l'ordre. En effet, la
Révolution est considérée comme une perturbation d'un certain
ordre (monarchique) et il est nécessaire d'en instaurer un autre
(moral, politique, social).
A l'extrême droite,
Drumont et Barres sont les premiers théoriciens du nationalisme.
Théoriciens de l'ordre par excellence, ils remettent en question le
régime parlementaire, l'accusant de la « décadence
française » (on est juste après la guerre de 1870-1871 avec
l'Allemagne par laquelle on a perdu l'Alsace et la Lorraine, ce qui
explique, qu'en France, on veuille y retourner en 1914!).
Maurras est celui qui
organise vraiment la théorie nationaliste, au travers de « l'Action
française ». Pour lui la Révolution a détruit l'unité créée
par la monarchie. Les quatre causes du naufrage français sont
-
les protestants qui auraient apporté l'individualisme et le libéralisme
-
les juifs, qui étant apatrides seraient un danger pour la nation
-
les francs-maçons, qui poursuivraient l'idéal des Lumières
-
les « métèques », les étrangers.
Pour rétablir une
monarchie absolue et héréditaire, sa méthode est de conjuguer la
conquête de l'opinion et la préparation d'un coup de force.
Le nationalisme
français est donc dès l'origine contre-révolutionnaire. S'il n'est
plus forcément monarchiste aujourd'hui, il prône toujours un
autoritarisme fort. C'est pour cela qu'il se satisfait très bien de
la V ème République qui assure une place prépondérante au chef de
l’État.
Enfin, malgré ce que
peut dire le FN aujourd'hui il est important de signaler que les
nationalistes ont déjà exercé le pouvoir en France. De 1940 à
1945 : le régime de Vichy n'est ni une aberration ni un hasard.
C'est le fruit de la montée des nationalismes dans les années 1900
à 1930. Pétain et la majorité de ses ministres étaient
ouvertement nationalistes et ont appliqué une politique issue des
thèses de Maurras :
-
chasse aux juifs
-
politique familiale et patriarcale (allocations familiales)
-
état policier avec la Milice pour mettre au pas les récalcitrants
-
STO : service du travail obligatoire qui fournit une main d’œuvre peu chère au patronna libéral.
Pétain est arrivé au
pouvoir suite à la débâcle militaire de 1940, les français
l'adorent car c'est le héros de la bataille de Verdun (700 000
morts?!).
A partir de 1942, le
peuple français commence à se détourner du pétainisme car il
supporte de moins en moins cet autoritarisme et le contrôle
permanent de la population.
Le FN d'aujourd'hui
est directement issu du pétainisme. Ce nationalisme français a la
particularité d'avoir été peu touché par le fascisme. En effet,
si le culte du chef et l'autoritarisme d’État sont communs à ces
deux mouvements, le nationalisme français n'est pas impérialiste.
C'est à dire qu'il n'a pas vocation à s'exporter, à s'imposer en
dehors de ses frontières. C'est un nationalisme de replis sur soi.
Ainsi se dire
nationaliste aujourd'hui c'est adhérer aux thèses
contre-révolutionnaires : le peuple serait irresponsable
politiquement, il aurait besoin d'un guide suprême qui devrait avoir
les pleins pouvoirs.
A contrario, se dire
révolutionnaire ne veut pas dire vouloir faire la Révolution (elle
a déjà été faite !) mais se poser en défenseur des acquis de la
Révolution : le peuple est souverain et ses principes de vie
sont : Liberté, Egalité, Fraternité.
On
peut tout de même se demander pourquoi les nationalistes se nomment
ainsi et revendiquent à tous bouts de champs la Nation. En effet,
Nation vient du latin « natio » et signifie « naître ».
Héritée de la Révolution française et de la philosophie du
XVIIIe siècle et des Lumières, la Nation signifie la volonté
du « vivre ensemble ». Elle résulte d'un acte
d'auto-définition du peuple, qui se reconnaissant et s'émancipant,
s'empare de la puissance politique.
Le FN est donc par définition
anti-national.
La Nation c'est la naissance du peuple souverain.
La République c'est le
pouvoir du peuple, pour le peuple et par le peuple.
Clarisse Prod'homme,
école paysanne 35
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