jeudi 10 septembre 2015

Tous à la manif !



     Il y avait comme un air de Kafka cette semaine à voir défiler à Paris les tracteurs de la FNSEA et en Hongrie ces milliers de migrants en marche.

Quand fera t-on le lien entre les deux ?

La FNSEA n'y est clairement pas prête mais comment ne pas sourire en entendant ces agri-managers se plaindre du surendettement, mais posant fièrement devant leurs tracteurs à 150 000 € !

Le problème n'est il pas là ? D'avoir troqué l'agriculture (l'art de cultiver la terre) contre l'art de la mécanique (Ah qu'il est beau mon tracteur !).


Pour mieux comprendre les revendications des manifestants, Guillaume Meurice de France Inter est allé à leur rencontre :

http://www.franceinter.fr/video-guillaume-meurice-est-alle-a-la-rencontre-des-agriculteurs






mardi 1 septembre 2015

SOUVERAINETE !


Discours n°10





     Réchauffement de la planète, épuisement des ressources énergétiques, diminution des terres arables.
Privatisation des biens communs (eau, terre, air), appauvrissement des populations par la spéculation financière, destruction des services publiques et des droits sociaux.

La liste est longue de ce qui menace notre bien vivre ensemble.
Pour trouver des solutions durables nous devons avoir une vision globale des choses.
Ce qui semble évident aujourd'hui c'est que nous vivons une période perturbée, de changements profonds.
Ces changements sont de deux ordres : changement climatique et changement de civilisation.
Dans ces conditions il parait primordial de repenser nos fondamentaux et notamment d'assurer nos besoins vitaux : boire, manger, se loger, s'habiller.
L'École Paysanne pense que pour répondre à ces besoins vitaux les populations doivent retrouver de la souveraineté : souveraineté alimentaire, souveraineté individuelle et souveraineté collective.

Le changement climatique se traduit d'abord par une augmentation des catastrophes naturelles : ouragans, tsunami, tremblement de terre, etc... Mais surtout par l'augmentation de l'aridité des sols : le désert avance au sud, le béton au nord et la diminution des terres arables engendre de forts mouvements de population, qui perturbent l'ordre social et politique établit. Les réfugiés climatiques, paysans chassés de leur terre par le désert ou la guerre, arrivent de plus en plus nombreux à nos frontières ou meurent en cours de route.
Les conclusions d'Olivier de Shutters, rapporteur de l'ONU sur l'alimentation, indiquent sans équivoque que seule l'agriculture paysanne et familiale(vivrière) peut assurer une alimentation en quantité et qualité suffisante pour tous. Il invite à une Réforme Agraire mondiale. Les essais en Permaculture et les traditions vivrières de par le monde encouragent à augmenter la production agricole sur de petites surfaces avec une main d’œuvre nombreuse, sans produits chimiques ni mécanisation. Comme un retour aux sources de l'agricultûre : une agricultûre éminemment féminine, qui imite la Nature sans perturber les équilibres terrestres.
Cette autonomie alimentaire est primordiale pour permettre l'émergence pacifique d'une nouvelle civilisation : on discute mieux ensemble lorsqu'on a le ventre plein.

Nos enfants peuvent attendre que nous leur garantissions au moins ça ! 

Cette agricultûre n'est évidement pas possible dans une société où l'argent place en premier le futile et le superflus. Cette agricultûre est une agricultûre du partage !
Partage de la nourriture car partage de la terre.
Les Offices Fonciers peuvent être les garants de l'équité individuelle et collective de ce partage. Ils assurent à chacun un "chez soi", sans nuire à l'intérêt commun. Ni communisme, ni capitalisme, Les Offices Fonciers respectent l' individu en reconnaissant le collectif.

Le changement de civilisation s'analyse par le glissement de la prédominance économique, financière et finalement politique de l'ouest vers l'est. la Chine est la nouvelle grande puissance et sa demande en ressources énergétiques va peu à peu peser sur notre capacité à accéder à ces ressources. Il semble évident que nous allons devoir apprendre la sobriété en matière de consommation d'énergie (pétrole, électricité, etc...). 
La partie moins visible mais majeure de ce changement de civilisation est que nous prenons conscience de la finitude de la Terre et de l'importance d'apprendre à nous gérer sur cette Terre.
 Cela nous invite à repenser notre manière de vivre ensemble. Par exemple : notre manière de penser l'activité humaine. S'émanciper de la philosophie du travail (du latin : torture) libère la créativité humaine. L'idée du Revenu de Base ou Salaire universel, permet à chacun de couvrir ses besoins vitaux et de choisir quelles activités pratiquer, pour son émancipation personnelle et pour l'intérêt commun. Pour assurer une souveraineté individuelle.
De même revenir à une monnaie qui soit un outil d'échange et non de spéculation est primordial pour assurer la souveraineté collective. Les monnaies locales ou la fermeture de la Bourse paraissent des solutions très intéressantes pour réaffirmer le sens de l'intérêt commun face à une élite financière qui travaille pour ses seuls intérêts.

l'École Paysanne n'est ni utopiste ni pessimiste, mais tragique (en Philosophie : qui voit le réel. Sont caractérisés comme « tragiques » les penseurs qui contraignent l’homme à regarder en face la réalité la plus quotidienne, celle dont le commun des mortels s’efforce désespérément de se détourner). 
Il va y avoir des millions de morts, peut être des milliards (il y en a déjà des milliers). Le tout est de savoir comment allons nous gérer cela ? En se rajoutant une petite guerre civile par dessus (Révolution, Régime Totalitaire, ...) ? Ou en utilisant notre bon sens et beaucoup d'amour et de compassion. 
L'Homme, quatrième essais d'Hominidés dans l'Histoire de la planète, doit se reconnecter à la Terre s'il veut poursuivre son aventure. Et ce sont les femmes, qui ont inventé l'agricultûre (l'art de cûltiver la terre), qui sont le plus à même d'établir ce dialogue.

La convergence des réflexions et propositions de la société civile mondiale permet d'anticiper et de préparer cette transition. Cela passe par remettre en cause nos certitudes et nos habitudes, autour de la notion du Partage.


Clarisse Prod'homme, École Paysanne 35